La bonne méthode et la création de valeur
Une bonne méthode peut être définie comme la formalisation des règles de réussite d'un projet afin de bien cadrer les phases de conception et de réalisation pour parvenir à la création de valeur attendue. Dans tous les cas, la réussite d'un projet passe nécessairement par la case « méthode »
Qu'est-ce qu'une bonne méthode ?
Un jour, au cours d'une formation, on me proposa la réponse suivante : "la bonne méthode, c'est celle qui me permettra d'atteindre mes objectifs sans que j'ai à me poser trop de questions. Pas plus compliqué !..." Un peu lapidaire comme définition mais terriblement juste. Développons.
Définition
Une méthode peut être définie comme la formalisation des règles de réussite d'un projet. Conçue selon un processus dit « inductif », elle synthétise les expériences passées afin d'en extraire les fondamentaux ou bonnes pratiques. Une fois formalisée, elle propose un cadre de travail balisé pour conduire le projet. C'est le processus déductif. Ainsi, l'utilisation d'une méthode digne de ce nom permet de profiter pleinement de l'expérience du ou des concepteurs.
Deux exemples pour le projet pilotage
La
méthode Gimsi ou encore les
BSC, balanced Scorecard sont fondées sur un tel principe de conception. Bien que fortement différentes.
Les deux méthodes sont toutes deux parfaitement adaptées à la conception d'un système de pilotage.
Reste encore la question du choix .
Une méthode intègre en substance une certaine philosophie de conception. Les méthodes ne sont pas interchangeables. Selon le système de pilotage que l'on souhaite mettre en place, on utilisera une ou l'autre des deux méthodes. Ce choix n'est en aucun cas motivé par les compétences particulières du prestataire de service.
Il faut en effet choisir une méthode adaptée et éprouvée pour le contexte. Jusque là, vous me direz, rien de nouveau sous le soleil. Depuis Descartes, on sait ce que méthode veut dire. Il est aussi vrai que les adeptes du pragmatisme absolu ne sont plus légion...
La foi en la bonne étoile n'est plus suffisante pour contrer les risques et répondre aux enjeux de l'obligation de résultats.
Cela dit, si la méthode est incontournable, elle n'exonère pas pour autant les concepteurs d'une solide étude préalable.
Les méthodes informatiques
Depuis quelques années, les
méthodes agiles ont le vent en poupe, essentiellement
Scrum et dans une moindre une mesure
XP Programming. Il ne faut pas oublier les méthodes plus classiques tels que
Prince2 ou en encore le
PMbok qui sont toutes deux d'excellents guides pour baliser les projets d'envergure.
Les méthodes agiles ne sont pas adaptés pour tous les projets. Dès que la complexité entre en jeu, Il faut aussi réfléchir à un mixe avec les méthodes plus traditionnels pour les projets un peu plus complexes où les développeurs ont besoin de liberté sans avoir le client en permanence sur le dos. Il est bon de ne mas jeter l'eau du bain avec le bébé "méthode traditionnelle" : Le comparatif, méthode agile et méthode plus traditionnelle
Un projet, c'est répondre aux questions...
Expliquons-nous. Une bonne méthode répond à la question
« Comment ?».
Mais avant de répondre à la question
« Comment ?», encore faut-il avoir répondu à la question
« Pourquoi ?».
Et c'est là que le bât blesse. Je croise encore trop de managers un poil déçus par leur système décisionnel. Conçu dans les règles de l'art par un prestataire chevronné, il semblerait pourtant qu'il ne réponde pas à leurs attentes. Ces managers espéraient autre chose.
Autre chose, mais quoi ?
En fait, pourquoi voulaient-ils un système décisionnel ?
Ont-ils suffisamment développé au préalable cet aspect essentiel de la question ? Sûrement pas.
Le prestataire a dû vraisemblablement improviser et a, légitimement, fait au mieux,ou en tout cas à réaliser ce qu'il sait faire, autant pour le client que pour limiter ses propres contraintes.
N'oublions pas : si la question du choix de la méthode est essentielle, elle ne remplace pas celle de la finalité.
- Pourquoi vouloir un système d'aide à la décision ?
- Qui l'utilisera ?
- Que souhaite-t-on en tirer ?
- Quelle en sera la valeur ajoutée ?
Voilà quelques questions primordiales à se poser avant d'entreprendre la réalisation proprement dite....
Reprenons la définition initiale
Une bonne méthode doit présenter au moins les quatre caractéristiques suivantes :
- 1 Un vocabulaire précis
- 2 Une identification des rôles et des responsabilités
- 3 Un phasage soigné
- 4 Une métrique pour évaluer la performance
Une méthode, c'est un référentiel...
Mais au delà de la définition du cadre de travail, la méthode constitue un véritable référentiel de travail entre le prestataire et le donneur d'ordre. Il est indispensable que ce dernier bénéficie d'une formation rapide aux rudiments de la méthode afin de pouvoir suivre et communiquer efficacement avec le prestataire.
La simplification de la communication n'est pas le moindre des avantages apportés par de l'utilisation d'une bonne méthode, loin s'en faut.
Il s'agit en effet d'éviter la classique phase de « trou noir » composant le coeur de toute réalisation où le client ne sait pas ce qui se passe et attend le résultat. Silence radio sur toute la ligne ! « Attendez monsieur le client, nous on fait au mieux ! »Les temps ont changé. Les projets sont plus complexes et l'implantation des technologies de l'information exige d'autres pratiques. La réussite des projets passe nécessairement par un suivi consensuel de la création de valeurs au fur et à mesure de la réalisation.
Ne soyez pas Dogmatique !
Une méthode est un guide. Elle est le fruit de l'expérience cumulée au cours de la réalisation de nombreux projets. Elle cadre le déroulement du projet en s'appuyant sur les "bonnes pratiques" ainsi acquises. Cela dit, une méthode n'est pas non plus une doctrine que l'on doit suivre sans s'écarter du moindre iota.
Le débutant a tout intérêt à réfléchir avant de s'en écarter il est vrai, mais ne perdons jamais de vue que le but ultime du projet reste, et doit toujours rester, la réponse à un besoin spécifique, précis et bien défini. Une réponse apportant le maximum de satisfaction non seulement "au client" commanditaire du projet initial mais aussi à l'ensemble des parties prenantes.
Néanmoins, il sera parfois judicieux dde s'écarter un tant soit peu du rigorisme de la méthode pour respecter du mieux possible les contraintes du projet : coûts, délais, qualité et fonctionnalités. C'est aussi ainsi qu'évolue une méthode.
Ne soyez pas Fanatique !
Les nouvelles méthodes comme les nouvelles technologies, si elles ont la chance de bénéficier du support médiatique adéquat, sont toujours révolutionnaires selon leurs promoteurs même lorsqu'elles ne révolutionnent pas grand chose. Présentées comme incontournables, elles relèguent les méthodes et technologies de la vogue précédente aux oubliettes de la ringardise.
De toute façon, nous sommes dans un monde en perpétuelle évolution. Il n’existera pas de méthode définitivement universelle. Il faut quelquefois vivre de saines ruptures qui réforment les habitudes précédentes pour mieux répondre aux besoins présents. D'un autre côté il est plus que prudent de ne pas se laisser abuser par son engouement pour la nouveauté et jeter un peu trop tôt le (vieux) bébé avec l'eau du bain.
Rigueur Vs Rigidité
- La rigueur (la méthode) est un guide garantissant de ne pas tomber dans la première chausse-trape venue.
- La rigidité conduit à une conformité artificielle. Elle bloque toutes les ambitions d'avantages concurrentiels stratégiques (voir l'alignement stratégique). Le type de mesure de la performance mis en place oriente nécessairement les activités dans la durée. Chaque entreprise est particulière. C'est dans ce particularisme que se trouve les ressources d'une rentabilité durable.
Les contraintes structurelles imposées par des démarches trop dirigistes détournent irrémédiablement la conception de l'instrument de sa fonction de mesure de la performance adaptée. Il est préférable, autant que faire ce peut, d'anticiper les dites contraintes pour conserver un niveau de souplesse et de flexibilité suffisant et ne pas perdre de vue la finalité.
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L’auteur
Alain Fernandez est un spécialiste de la mesure de la performance et de l’aide à la décision. Au fil de ces vingt dernières années, il a conduit et accompagné de nombreux projets d'entreprise en France et à l'International. Il est l'auteur de plusieurs livres publiés aux Éditions Eyrolles consacrés à ce thème et connexes, vendus à plusieurs dizaines de milliers d'exemplaires et régulièrement réédités.
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