Avantages et Inconvénients de la transformation numérique
- Où l'on étudie les apports de la transformation numérique sur les processus de communication et les impacts des indispensables transformations managériales sur le processus décisionnel pour une plus grande réactivité. Où l'on traite aussi des dérives potentielles en matière de bien-être humain.
- Bien évidemment, sans une réforme complète du management pour instaurer la démocratie entreprise, la transformation numérique restera pilotée par la loi du chiffre en lieu et place de celle de l'intelligence.
- Traduction : on licencie pour accroître le bénéfice et l'on passe à côté de l'intelligence collective pour dynamiser les innovations gagnantes... Ne laissons plus le monde aux mains des gagne-petit !
L'avenir contient de grandes occasions. Il révèle aussi des pièges. Le problème sera d'éviter les pièges, de saisir les occasions et de rentrer chez soi pour six heures. Woody Allen
Transformation digitale, les réseaux sociaux et le processus décisionnel
Quels sont les apports potentiels au processus décisionnel de l'entreprise numérique, et donc communicante, que l'on pourrait-on espérer
dans un mode idéal ?
- Un processus décisionnel plus efficace et plus robuste, peut-être moins sensible aux influenceurs, en tout cas pour l'utilisateur rompu aux usages des réseaux. Voir ici Comment profiter des réseaux sociaux
- Une réactivité de tous les instants grâce à la transversalité massive des réseaux sociaux qui garantissent sans formalités ni intermédiaires les échanges avec les pairs, experts reconnus ou investis pour l'occasion.
- Un accès simplifié à la connaissance partagée qui permet de mieux comprendre le contexte et les risques à toutes les étapes du processus de prise de décision.
- Une connaissance largement partagée qui assure aussi une meilleure connaissance des clients, de leurs attentes, de leurs valeurs potentielles. Une greffe CRM réseaux sociaux s'impose.
Système décisionnel et l'entreprise numérique
Les acteurs de l'entreprise seront aussi bien inspirés en réformant l'approche classique de l'élaboration de la stratégie pour privilégier les
conceptions coopératives et les
stratégies émergentes qui sont les foyers de l'innovation.
Dans tous les cas, la structure organisationnelle doit favoriser du mieux possible la prise de décision efficace. C'est en ce sens que la nouvelle organisation pourra servir les ambitions de différenciation concurrentielle.
Le système décisionnel rebâti et intégré selon la stratégie et profitant pleinement de la structure communicante sera un facteur clé pour répondre aux enjeux de la prise de décision en entreprise : rapidité et pertinence.
Mettre à disposition du décideur clé du moment les informations nécessaires au moment ou la décision mérite d'être prise, voilà l'enjeu des systèmes décisionnels de l'entreprise numérique et communicante.
Les inconvénients de la transformation numérique
Inconvénient est un euphémisme. parlons plutôt de "pièges" si l'on se place au niveau des salariés, qui risquent de supporter les conséquences de cette transformation. Ne l'oublions pas, ce sont les créateurs de valeurs de l'entreprise.
Malheureusement, nous ne vivons pas dans un mode idéal. L'entreprise numérique et la transformation digitale, ce ne sont pas que des promesses de mieux-être. Les dirigeants, managers, actionnaires, salariés, clients, sous-traitants, partenaires etc. ne partagent pas nécessairement les mêmes intérêts, ni les mêmes ambitions…
La sempiternelle course à la productivité et, corollaire, la recherche des coûts les plus réduits, conjuguées à une collecte tous azimuts des données, risquent de nous mener à un modèle de société où l'humain ne trouvera pas nécessairement la place qu'il aurait pu espérer.
Ainsi, les facilités de connexion au système d'information de l'entreprise et la banalisation des smartphones et tablettes conduisent irrémédiablement à détruire la frontière entre temps de travail et temps de loisirs. C'est un premier piège et ce n'est pas le seul, loin s'en faut. Voyons les cinq principaux pièges qui seront bien difficiles à éviter.
Les cinq pièges de la transformation numérique
1) Les pièges de la connexion permanente : Disparition de la frontière Travail - Loisir
Le risque de confusion entre temps de travail et temps libre n'a jamais été aussi présent.
- Avec les possibilités d'accès au Système d'Information de l'entreprise depuis son propre équipement,
voir notamment le BYOD et la BI Mobile, la porte est déjà grande ouverte sur un monde de connexion permanente où il sera bien difficile de se décharger un instant du poids du fardeau de ses obligations professionnelles.
- Avec des objectifs de performance toujours plus difficiles à atteindre, l'accélération de tous les cycles, qu'ils soient de conception, de production ou de support, et des mentalités conditionnées à la compétition individuelle, espérer échapper au piège de la connexion permanente n'est qu'un rêve éveillé.
- En tout cas dans la situation actuelle du monde du salariat et plus généralement de l'emploi. Il est vrai aussi que les chiffres du chômage toujours en hausse, et ce quel que soit le mode de calcul, sont aussi un bon outil de pression pour contraindre à tout accepter, même l'inacceptable.
- Toutefois, la question du droit à la déconnection est enfin d'actualité. Il était temps, la question est brûlante. Cela dit, elle n'est pas vraiment aisée à résoudre en satisfaisant toutes les parties prenantes.
- Et il est vain d'attendre des "réformateurs" du Code du travail actuel une solution digne de ce nom. Ces "simplificateurs" conçoivent encore le salariat comme au XIXème siècle. Ils ne semblent pas avoir perçu les enjeux et conséquences de la révolution numérique. Sans contrefeu, une société exigeant qu'une part croissante de la population soit disponible 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24 n'est plus tout à fait une dystopie.
2) La fin du salariat ?
Ce thème peut bien entendu être poursuivi avec les nouvelles formes d'emploi, telles que l'"ubérisation" des métiers ainsi que les plates-formes proposant des micro-tâches pour de micro-rémunérations (voir Fiver, Mechanical Turk...). Scénario catastrophe : sont-ils les précurseurs d'un nouveau marché du travail ?
Sur ce thème, bien d'autres sujets méritent d'être traités :
- Le télétravail qui, lorsqu'il est imposé, comporte son lot de contraintes.
- Le contrôle généralisé des salariés qui peut rapidement devenir un véritable flicage de tous les instants…
- La généralisation de l'ubérisation codifiant et simplifiant au maximum la notion de marché de l'emploi, et conduisant nécessairement à une irrémédiable servitude des travailleurs soumis au diktat des plates-formes, impersonnelles par définition.
3) La course aux gains de productivité
Au cours de cette étude, il est vrai que l'on accorde la priorité à l'aspect communication étendue et ses apports au processus de décision.
La transformation digitale massive est un peu mise de côté. C'est pourtant sur cet aspect que les entreprises, de services notamment, réalisent les gains de productivité les plus conséquents. Bien entendu, pas de secret,
ces gains de productivité sont le fruit des licenciements massifs. Les schémas ne changent pas.
Comme le relève le regretté Daniel Cohen dans son ouvrage "Le monde est clos et le désir infini", en substance, si l'entreprise numérique est riche de promesses, elle se caractérise pour le moment bien plus par des vagues de licenciements que par des embauches massives...
La nouvelle ère de plein emploi ne semble pas pour demain. Malgré les promesses alléchantes des politiques les plus "branchés", ce n'est malheureusement pas la transformation digitale à tout crin qui relaiera l'industrie, en tout cas en ce qui concerne le potentiel d'emploi et donc la réduction du chômage.
4) Robotisation, pouvoir des algorithmes, Big Data et IA
Plus on numérise, plus on crée des données, plus on nourrit
le Big Data et plus les "techno-maniaques" frétillent d'impatience. Ils imaginent ainsi remplacer l'expertise des professionnels par des algorithmes exploitant cette masse conséquente de données. Le progrès est en marche cherchent-ils à nous convaincre…
5) Le pouvoir appartient à celui qui possède les données
Avec l'internet des objets et la multiplication à l'infini des objets connectés, la donnée devient l'or noir du XXIème siècle. Les compagnies d'assurances proposent déjà des contrats spécifiques associés à un suivi précis de nos modes de vie…
Poussons plus avant le piège de la connexion permanente…
Rester en alerte 7 jours sur 7, 24 heures sur 24
Travailler le dimanche, le soir, augmenter la durée du travail hebdomadaire, réduire le nombre de jours de congés et supprimer les ponts.
Bref, travailler plus. Toujours plus. C'est là l'unique mot d'ordre de notre époque.
À entendre ceux qui détiennent l'autorité de parole dans les médias, ce serait la solution miracle à tous nos maux, Nous allons ainsi résoudre les questions du chômage de masse, de la compétitivité (c'est quoi au fait ?) et de la croissance atone, n'en doutez pas...
Et quand on ne travaille pas, que fait-on ? On dort, on flâne, on bouquine, on se repose ?
Que nenni !
On consomme !
Les boutiques en ligne sont ouvertes 24 heures sur 24. D'ailleurs, les vacances bien méritées sont aussi des instants de consommation, on voyage, on accumule des miles, bref on dépense.
Pas question de passer du temps à paresser, à rêver, à bailler aux corneilles. Le farniente (fare niente, ne rien faire), c'est-à-dire, ni produire ni consommer, est devenu le nouveau péché capital selon les tables de la loi de la société actuelle définitivement soumise aux règles des marchés mondialisés.
Travailler et consommer, c'est votre responsabilité, une responsabilité « citoyenne » semble-t-on nous transmettre à tout instant en manière de message subliminal.
(Vous souvenez-vous du film culte "They live" (Invasion Los Angeles) de Carpenter Grâce à des lunettes spéciales, le héros découvre les vrais messages cachés sous les affiches publicitaires : OBEISSEZ, NE DORMEZ PAS, CONSOMMEZ, PAS D'IMAGINATION, NE QUESTIONNEZ PAS L'AUTORITE…)
Il faudrait donc accepter que nos vies personnelles soient désormais soumises aux principes d'optimisation de l'entreprise industrielle, modèle Taylor/Ford/Toyota/Lean, toujours en chasse des « temps perdus », synonymes de « temps improductifs ».
Les US ont un peu d'avance sur ce thème. Pour mieux comprendre où l'on se dirige si l'on ne réagit pas rapidement, Jonathan Crary a écrit un très bon bouquin dont le titre bien choisi résume le thème ici abordé : 24/7: Late Capitalism and the Ends of Sleep .
24/7: Late Capitalism and the Ends of Sleep de Jonathan Crary
*****
Un excellent ouvrage qui, en substance, dénonce la quasi victoire du « capitalisme » sur notre temps de sommeil. Le titre exprime bien le propos : que nous soyons toujours plus disponible au service de la machine commerciale, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 pour produire ou consommer.
C'est d'ailleurs là, d'après l'auteur en tout cas, le principal intérêt des technologies de la communication et du numérique : nous transformer en producteurs-consommateurs à temps complet.
L'auteur développe son raisonnement en 4 chapitres courts et bien articulés.
-
Il dénonce ainsi la logique de « changement permanent » dans laquelle nous sommes tous aujourd'hui plongés, toujours en phase d'apprentissage dun nouvel outil, d'une nouvelle appli; nous consacrons la majeure partie de notre temps disponible aux questions « opérationnelles », et il nous reste guère de temps pour prendre un peu de recul, s'accorder des instants de rêverie et réfléchir à des thèmes plus profonds.
- Toujours selon l'auteur, les technologies et le numérique contribuent quelque part à briser les liens sociaux naturels (voilà un sujet polémique s'il en est), ce qui facilite la surveillance et le contrôle (en référence à Foucault) que ce soient aux fins commerciales ou politiques (et ce ne sont pas les révélations de Snowden qui le contrediront).
- À mon avis, ce livre est un bon contrepied pour modérer le discours des « techno-idolâtres » occultant encore aujourd'hui toutes les formes de réaction pour une réorientation des technologies au service des utilisateurs/citoyens. Il ne s'agit pas non plus d'un livre réactionnaire, le propos est construit et ce sont plutôt les dérives non démocratiques que dénonce l'auteur.
- À rapprocher de "Alone Together" de Sherry Turkle
et de "Pour tout résoudre cliquez ici" L'aberration du solutionnisme technologique) de Evgeny Morozov.
Instaurer la démocratie en entreprise
- Le seul moyen de parvenir à un usage efficace et progressif de la transformation numérique passe nécessairement par une réforme totale du management afin de poser les fondations d'une démocratie digne de notre époque.
- La transformation digitale se doit de faciliter le rapprochement entre les acteurs de l'entreprise, leurs partenaires et leurs clients afin de créer des foyers de production d'idées.
- Il est totalement absurde et contre productif dans la durée d'en limiter l'usage pour persister avec cette course obsessionnelle à la réduction des coûts avec des réductions d'effectifs drastiques et en jouant plus que jamais les cartes de l'isolationnisme et de la compétition individuelle.
- Quel paradoxe ! Nous disposons de tous les outils pour construire une véritable intelligence collective en mesure d'aider à trouver non seulement les solutions aux problèmes du quotidien, ce qui est déjà un sacré avantage, mais aussi à dénicher les meilleurs axes stratégiques...
Et on ne les utilisent pas. Bien évidemment, il faudra au préalable mettre à mal le mépris de classe et là, ce n'est pas une mince affaire, et c'est le sujet du livre ci-après.
La transformation démocratique de l'entreprise
Pour en finir avec le mépris, principe délétère du management d'hier et d'aujourd'hui
Alain Fernandez
Sujet : Expérience concrète d'instauration de la démocratie au sein d'une PME
Pages : 360 pages
Prix : 19,90 €
Prix Format ebook : 9,49 € (epub ou kindle)
Extrait du livre
Dispo :
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Présentation détaillée du livre "la transformation démocratique de l'entreprise"
L’auteur
Alain Fernandez est un spécialiste de la mesure de la performance et de l’aide à la décision. Au fil de ces vingt dernières années, il a conduit et accompagné de nombreux projets d'entreprise en France et à l'International. Il est l'auteur de plusieurs livres publiés aux Éditions Eyrolles consacrés à ce thème et connexes, vendus à plusieurs dizaines de milliers d'exemplaires et régulièrement réédités.
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Les tableaux de bord du manager innovant
Une démarche en 7 étapes pour faciliter la prise de décision en équipe
Alain Fernandez
Éditeur : Eyrolles
Pages : 320 pages
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