Devenir un bon manager en 10 étapes
Le bon manager n'est plus celui qui règne sur son équipe en s’appuyant, au mieux sur une supériorité de connaissances ou de compétences, au pire sur une autorité établie officiellement. Ce temps est largement dépassé ou, en tout cas, il devrait l’être. Le bon manager est celui qui dynamise l'expression de toutes les intelligences pour accéder au stade ultime de l’efficacité, l'intelligence cumulée.
« Don’t be evil. » Ne soyez pas malveillants. Il est possible de gagner de l’argent sans vendre son âme au diable.
Devise originelle de Google Corp
Devenir un bon manager en 10 étapes
Dix étapes majeures et une recommandation pour mieux aborder la complexité de la fonction de manager, et exercer ainsi son office dans les meilleures conditions, sans se laisser séduire par les miroirs aux alouettes qui parsèment le parcours.
Les dix étapes sont organisées en trois parties : Manager les hommes, Partager les connaissances et Innover au quotidien.
MANAGER les hommes de l'entreprise ou de l'équipe
1. Commencez par définir le rôle et la portée du management que vous comptez assumer
Manager n’est pas si simple. Définissez avec soin le rôle et la portée du management des hommes et de la performance, tel que vous l’envisagez. Puis confrontez votre point de vue avec celui des principaux auteurs du sujet afin de pousser votre réflexion plus avant. Ce travail personnel est un préalable indispensable.
Tout un chacun devrait se poser la question de la réalité du management avant de prendre en charge ses responsabilités.
Depuis une bonne vingtaine d’années, les organisations ont pris goût à la distribution des titres ronflants. Mais là, il ne s’agit pas de titre, mais bien d’un rôle à assumer. Manager n’est pas un concept si aisé que cela à définir. Pour mieux éclaire le propos, voir ici une définition du management à l'aide d'une bibliographie choisie.
2. Définir ce que n'est pas la performance
Préciser le terme de performance c’est aussi définir ce qu’il n’englobe pas. Malgré l’acception généralement admise dans le monde de l’entreprise, la quête de la performance n’a rien à voir avec le carriérisme et la compétition.
Le culte de l’individualisme, le carriérisme obsessionnel et la compétition permanente sont les conséquences d’une interprétation trompeuse de la notion de performance. Ces dérives sont particulièrement symptomatiques du fonctionnement pathologique des organisations actuelles.
À ce sujet, voir aussi les deux attitudes du manager face à la complexité : je fuis et je me protège en priorité ou j'attaque et je tente la réussite.
3. Différencier les vrais outils des trucs et machins pour manager
Attention à l’usage des outils et techniques de management. Supposer que les problèmes relationnels se résolvent avec des outils est vraisemblablement la principale cause d’échec du management moderne.
Dans l’économie de l’information, la parcellisation du travail n’est pas le mode d’organisation le plus efficace.
Pour inciter au partage et aux échanges sans pour autant rejeter les techniques d’isolement ou dénigrer le principe d’individualisme, l’entreprise recourt à des outils et des méthodes, des trucs et des machins. Le brainstorming est l’un de ces machins parmi les plus populaires.
4. Savoir déléguer efficacement : Qui ? Quoi ? et Comment
Déléguer est une recommandation souvent retenue pour maîtriser la complexité ambiante. À juste titre. Encore faut-il déléguer dans les règles, sans chercher à abuser de sa position hiérarchique.
Si la formule “Vous êtes le responsable, je vous laisse carte blanche” peut être entendue comme une marque de confiance, une preuve de reconnaissance de l’effort accompli, peut-être même une promotion, il ne faut jamais perdre de vue l'étymologie du terme.
Définition du Petit Robert 2006:
responsable du lat. responsus, p. p. de respondere
Qui doit accepter et subir les conséquences de ses actes, en répondre.
Réfléchissez donc aux moyens fournis, aux objectifs à atteindre, au contexte et à la difficulté de décision, aux embûches susceptibles de perturber les plans d’action. Une analyse de risques n’est jamais superflue. Si le stress est la maladie professionnelle de l’époque, c’est aussi un mode de management particulièrement prisé...
5. Ne pas se sentir obsédé par la rationalisation systématique des flux
Ne pas se sentir obsédé par la soif de rationalisation sans raison. La rationalisation n’est pas une fin en soi.
La rationalisation des flux est un réflexe hérité de l’entreprise industrielle des débuts du 20e siècle. Cette technique organisationnelle est peu compatible avec les valeurs humaines de partage et de coopération. Ces valeurs sont pourtant indispensables pour répondre aux enjeux de l’entreprise du 21e siècle.
Il est fort dommage que l’automatisation ne soit pas un véritable progrès partagé. Il faut en effet avoir vu de visu l’exécution des tâches les plus ingrates de l’industrie pour comprendre et adhérer à ce point de vue. Les gains de l’amélioration de la productivité obtenus pourraient légitimement être utilisés pour soulager les travaux les plus difficiles, diminuer sérieusement le temps de travail et faciliter l’accès aux formations gratifiantes. Mais voilà, il faut aussi considérer l’insolent pouvoir de la société de la camelote et son antienne :
“plus”, “plus vite”, “moins cher”...
PARTAGER les connaissances
Le héros solitaire n'est plus vraiment le modèle de la réussite. Les plus futés ont bien compris qu'il fallait donner un peu pour recevoir beaucoup.
C'est le principe de base d'une coopération active et constructive.
6. Déverrouillez le management collaboratif
Le “travailler ensemble” n’est pas un acte naturel dans l’entreprise moderne. Sans d’importantes réformes organisationnelles, il ne sera pas possible de changer les pratiques.
Le partage de l’information et l’intelligence collective sont les meilleures solutions pour dynamiser l’innovation. D’ailleurs avec les réseaux sociaux et aussi il est vrai les communautés de pratiques, on entre dans l’ère du possible. Il ne reste plus qu’à entreprendre la mutation des organisations.
À mon avis, ça ne se débloquera pas tout seul. Voir ici une version "adaptée" du management collaboratif
7. Jouez la carte de l’entraide et chassez sans relâche le mépris
Les sociétés humaines ne sont pas nées de la compétition individuelle à grande échelle, sinon elles n'auraient guère survécu. L'humain est un être social et c'est bien l'esprit de solidarité qui lui a permis de survivre et de se développer jusqu'à notre époque.
De même, les entreprises ne vivent et ne prospèrent que grâce à cet esprit d’entraide entre les femmes et les hommes qui, malgré les croyances est bien plus fort que l'individualisme égoïste.
Mais si les sociétés humaines sont fondées sur l’entraide, y compris en entreprise, elles sécrètent aussi leur propre venin : le mépris.
INNOVER au quotidien
Peter Drucker aujourd’hui décédé disait :
« L’entreprise comporte deux et seulement deux fonctions de base : le marketing et l’innovation. Le Marketing et l’innovation produisent des résultats ; tout le reste ce ne sont que des coûts »
Ce constat pour le moins lapidaire ne doit pas laisser oublier que toutes les fonctions de l’entreprise, contribuent quelque part à la création de valeurs globales. Cependant il est vrai qu’une entreprise ne vit que de ses clients qu’il s’agit de séduire et d’étonner en permanence d’où ce constat éclairant de cet immortel expert du management.
8. Délaissez un tant soit peu le culte de la productivité et l'obsession des économies d'échelle
En matière d’innovation industrielle, les approches exclusivement orientées économie d’échelle et réduction systématique des coûts, caractéristiques du siècle passé ont toujours le vent en poupe.
Le concept industrie 4.0 avec l’interconnexion tous azimuts des objets industriels associés à l'intelligence artificielle et au « Big Data » relance ce vieux serpent de mer de l’usine sans homme.
Rien d’humaniste dans cette démarche. Remplacer les femmes et l’homme de l’industrie par des machines « intelligentes » ce n’est pas pour les soulager des tâches ingrates, mais bien pour accroître significativement les bénéfices en réduisant drastiquement la masse salariale.
Rien de bien nouveau dans cette démarche. Revenons sur l’avènement de la robotique aux débuts des années quatre-vingt qui ne visait pas un autre objectif.
9. Ne jetez pas trop vite les solutions innovantes qui n’ont pas encore été pleinement exploitées, le Wiki par exemple
La majorité des technologies actuelles sont orientées coopération et partage. Elles sont très majoritairement issues du monde de l’Open Source dont la coopération et le partage sont intrinsèquement les principes fondateurs.
Le Wiki est ainsi une des solutions les plus intéressantes même s’il est vrai que l’on n’en maîtrise pas encore toute la portée. Il serait dommage de ne pas en profiter. En effet, Le Wiki est tout à fait en phase avec les méthodes de travail et d’innovation adaptées aux organisations horizontales pour une bien meilleure efficacité.
Adopter le Wiki, le faire connaître, le banaliser, le démocratiser, voilà de quoi dynamiser l’innovation. Il serait vraiment dommage d’enterrer trop précocement cette invention géniale. Un Wiki bien géré pourrait rapidement incontournable pour préparer et conduire les projets d'entreprise. Cela dit, bien des usages de cet outil participatifs sont encore à inventer.
10. Assurez au quotidien la promotion des innovations organisationnelles
L’innovation est aussi et surtout organisationnelle. Mettre en place tous les moyens pour satisfaire autant les acteurs de l’entreprise que l’innovation créative, voilà un projet gratifiant pour un management de la performance assumé.
Les structures de type coopératives autogérées sont particulièrement bien adaptées à la “survie” en environnement hostile lorsque l’on fixe quelques critères éthiques. Avec la coopérative autogérée, “l’entreprise citoyenne” n’est plus un oxymore...
Recommandation : n'hésitez pas à "conter"
Tout ne s'exprime pas avec des rapports, des procédures ou des listes de règles de conduite. Nous sommes des humains et depuis la nuit des temps nous comprenons beaucoup mieux lorsque la théorie est mise en situation, comme dans la vraie vie. Rien ne remplacera la force du récit.
Bien Communiquer grâce au récit
Raconter, c’est parsemer son discours d’anecdotes vécues et bien choisies pour mieux faire passer le sens de son message. C’est un peu ce que l’on a fait au fil de ce
livre Perfonomique Saison 2.
Il est tout aussi utile de recourir à l’humour et à la fiction si besoin est. Une bonne fiction ne se construit pas nécessairement de toutes pièces. Pour bien fonctionner, il est hautement préférable qu’elle repose sur du concret, du solide, du vécu. Ensuite, il s’agit de broder pour mieux faire passer le message.
À titre d’exemple, quelques films sur la vie en entreprise ont peut-être plus marqué les esprits que des démonstrations journalistiques.
Voir notamment des films comme « Violence des échanges en milieu tempéré » ou « La question humaine » ou encore l’excellentissime « la loi du marché de Stéphane Brizé ».
La critique
La principale critique que l’on peut opposer à cette démarche de conteur c’est justement d’abuser du
storytelling pour créer des mythes simplificateurs et déformants la réalité. C’était déjà ce que dénonçait James G. March que nous avons évoqué lors de la recommandation nº18 (RFG septembre 1998). Christian Salmon a bien étudié cette question avec son ouvrage majeur :
Storytelling : la machine à fabriquer des histoires et à formater les esprits.
Ce texte est extrait de l'ouvrage "Perfonomique", disponible en accès libre et gratuit, voir la
bibliographie ci-dessous
Présentation détaillée du livre "la transformation démocratique de l'entreprise"
L’auteur
Alain Fernandez est un spécialiste de la mesure de la performance et de l’aide à la décision. Au fil de ces vingt dernières années, il a conduit et accompagné de nombreux projets d'entreprise en France et à l'International. Il est l'auteur de plusieurs livres publiés aux Éditions Eyrolles consacrés à ce thème et connexes, vendus à plusieurs dizaines de milliers d'exemplaires et régulièrement réédités.
A ce sujet, voir aussi
- Qu'est-ce que le management ?
Pour les uns le management est un art. Mais ceux qui ont appris à ne pas trop s'en laisser compter préciseront que si le management est un art, c'est avant tout celui d'inciter les autres à faire ce qu'ils n'ont pas toujours forcément envie de faire ! L' art des apparences en quelque sorte... Pour bien comprendre ce qu'est le management ce texte propose une définition construite en s'inspirant de multiples sources bibliographiques, toutes citées en clair et se référant à des ouvrages disponibles en librairie méritant le détour.
- Manager par l'entraide
Les sociétés humaines ne sont pas nées de la compétition individuelle à grande échelle, sinon elles n'auraient guère survécu. L'humain est un être social et c'est bien l'esprit d'entraide qui lui a permis de survivre et de se développer jusqu'à notre époque. De même, les entreprises ne vivent et ne prospèrent que grâce à cet esprit de solidarité entre les femmes et les hommes, qui malgré les croyances, est bien plus fort que l'individualisme égoïste. Voyons comment amplifier ce trait naturel des humains en pratiquant un management fondé sur l'entraide..
- Management humain du projet
Le chef de projet efficace pratique un management humain, les 12 pratiques de bon sens. En univers complexe, changez votre vocabulaire: remplacez les termes "autorité" et "ordre" par "synergie" et "coopération". En substance, mobilisez les ressources pour agir et dynamisez l'imagination pour réussir.
- Manager, c'est décider
Notre parcours personnel n'est que la suite des décisions que nous avons prises... ou que nous n’avons pas prises. Nous savons tous intimement que la décision n'est pas un acte simple. Ce constat est d'autant plus vrai dans un environnement changeant, complexe, marqué par l'incertitude permanente. Autant maîtriser les principaux aspects de la décision afin de ne pas s'en laisser conter
- Le manager est un stratège
Dans un contexte pour le moins bouleversé, il est prudent de se livrer à un exercice de stratégie appliquée afin d'anticiper un tant soit peu le devenir collectif et opter ainsi pour une orientation qui garantie une création de valeurs durable. C'est en cela que tout manager se doit d'être un stratège afin de sélectionner, de lancer et de conduire les projets qui garantissent un progrès continu selon l'orientation choisie.
À lire...
PERFONOMIQUE SAISON II, l'ebook gratuit du management
Dans cet ouvrage, le rôle du manager est structuré selon les huit verbes d'action majeurs. Chacun de ces verbes est placé sous l’éclairage plus ou moins diffus des trois facteurs d’influence : le bon sens, le respect d’autrui et le principe de mesure de la performance.
32 recommandations de terrain jalonnent le parcours du lecteur. Chaque recommandation, fruit de la pratique, est illustrée d’un récit, d’une expérience vécue. Ces récits sont les vecteurs du sens.
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Editeur : Mimismo
Pages : 199 pages
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EAN : 978-2956758846
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Cet ouvrage de référence déjà réédité six fois, présente, explique et illustre à l'aide de témoignages réels les 12 bonnes pratiques de bon sens pour conduire efficacement un projet d'entreprise aujourd'hui.
Le chef de projet efficace
12 bonnes pratiques pour un management humain
Alain Fernandez
Editions Eyrolles
6ème édition
240 pages 22 Euros
EAN : 978-2212569735
Disponible en librairie
Disponible au format ebook
PDF & ePub,
Kindle
Voir ici
la fiche technique, extraits, critiques...
Cet ouvrage de référence développe une démarche pratique pour dynamiser l'innovation dans une optique de performance globale et durable de l'entreprise en se fondant sur une délégation efficace auprès d'équipes de terrain solidaires.
Piloter donc au lieu de contrôler !, Une démarche en 7 étapes pour faciliter la prise de décision en équipe
Alain Fernandez
Editeur : Eyrolles
Pages : 320 pages
Prix : 25 Euros
Disponible en librairie
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